Depuis plusieurs semaines, j'ai pris l'habitude de quitter prématurément les lignes de la RATP qui me portent bruyamment à la lumière de leurs néons blancs vers mon bureau du 5ème arrondissement, pour suivre un chemin bien plus doux à mes sens.
Il me faut remonter sur la cohue des quais de la Place St Michel, quelques mètres à peine le temps de mesurer à quel vacarme je m'apprête à échapper, pour bien vite m'immerger, au bas d'un escalier de pierre, dans la clarté brumeuse des quais se reflétant sur ses pavés arrondis et laqués. L'irrégularité de ces petits farceurs empêche de s'adonner nonchalamment à la contemplation du fleuve, pour ne pas courir le risque de se voir les embrasser des lèvres et du nez après un de leur croche-pied.
Notre-Dame me surplombe, et à défaut de ses cloches, j'entends résonner "Belle...." en épiant ses gargottes. Les péniches fleuries invitent à ralentir le pas, sans influence aucune sur la Seine qui galope face à moi, semblant plus pressée encore, en ces matins, que ses riverains.
Le moment qui me ravit le plus dans cette courte promenade, est de passer sous un pont et, cachée dans son ombre, apercevoir la clarté aveuglante qui m'attend juste de l'autre côté. Ce halo recouvre arbres et pierres d'une douceur grise et veloutée, conferant à ce cliché urbain ses atours poétiques.
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